Grandir avec son chien : une aventure humaine et spirituelle

Que nous soyons éducateur canin ou que nous ayons simplement la chance d’avoir un chien dans notre vie, quand nous voulons éduquer notre compagnon, l’accompagner, ou faire face aux nombreux défis que représente cette relation où résonnent deux langages, deux histoires, et leurs mille incompréhensions, nous nous devons d’ouvrir nos yeux et notre cœur autrement.

Il ne suffit pas de simplement chercher à le « programmer » pour qu’il corresponde à notre jouet idéal, ni à le « réparer » comme une machine qui ne nous satisfait pas. Il ne suffit pas de chercher à le comprendre. Nous devons être prêts à nous aventurer dans un travail plus vaste, plus intime, et qui commence en nous.

Tant que nous ne nous écoutons pas vraiment, nous ne pouvons écouter personne, ni humain ni chien. Tout est miroir en ce monde. Tout résonne. Tout nous permet d’en apprendre un peu plus sur la personne que nous sommes et sur ce que nous projetons autour de nous, en termes d’énergie et d’émotions.

Si nous ne savons pas reconnaître en nous ce qui tremble, ce qui doute ou ce qui résiste, alors ce que nous croyons observer chez l’autre risque de n’être qu’un reflet déformé, une interprétation sans nuances, biaisée, injuste.

L’intelligence émotionnelle du chien, un modèle pour nous

Le chien, lui, ressent. Il ressent sans détour, sans défense, dans une continuité que nous avons, pour la plupart, désapprise. Tandis que nous passons nos émotions au tamis de la raison, du langage, et du regard des autres, lui accueille sans filtre tout ce que nous exprimons, tout ce que nous taisons, et tout ce qui nous échappe.

Il perçoit le monde nu, sans nos filtres sociaux, sans nos constructions mentales, sans nos masques. Il reçoit, à l’état brut, la vérité de nos présences. Il perçoit nos limites, nos élans, nos colères silencieuses et nos peurs cachées. Souvent, il nous les renvoie à travers ses propres comportements, miroir fidèle et implacable. Il ne parle pas, mais il sait, et c’est cette lucidité instinctive qui en fait un guide étonnant et précieux.

Les leçons silencieuses de nos compagnons à quatre pattes

Chaque chien que j’ai croisé m’a transformée, souvent sans que je ne m’en aperçoive. Les miens, ceux que j’ai aimés, ceux que j’ai accueillis pour un moment en famille d’accueil, ceux avec qui je travaille, tous ont laissé ou laisseront en moi une empreinte particulière, unique.

À certaines époques de ma vie, je n’étais pas prête à voir ce qu’ils m’offraient. De ces relations-là je garde de nombreux regrets, le souvenir et la conscience des erreurs que j’ai faites. D’autres fois, j’ai su le reconnaître sur l’instant, comme une vérité limpide. Puis il y a ces enseignements qui m’ont traversée sans bruit, que je n’ai compris que bien longtemps après leur départ, comme si leur mémoire, doucement, avait jeté une lumière sur et en moi.

Le chien est un professeur singulier, dont la pédagogie exige une forme rare d’humilité : celle de se regarder en face, sans honte, sans masque, et d’oser habiter pleinement ses failles pour pouvoir, ensuite, accueillir celles de l’autre. C’est dans cette vulnérabilité partagée que naît la vraie relation, et c’est là, précisément, que commence le véritable travail, ce travail merveilleux qui, s’il est bien mené, nous permet de grandir avec — grâce à ? — lui. 🐾🖤