Faire le deuil de son chien : ouvrir son cœur à nouveau

par | Sep 6, 2025

La perte d’un chien laisse une absence qui ne se comble pas, une tristesse à nulle autre pareille. Il arrive qu’on se dise : « plus jamais », « c’est trop dur », « ça fait trop mal », et c’est vrai. Comme je le dis toujours, un chien n’arrive jamais dans notre vie par hasard. Très souvent, nous apprenons beaucoup plus de lui qu’il n’en apprend de nous. Et si savoir ouvrir son cœur et se laisser aller à aimer à nouveau était son tout dernier enseignement, son tout dernier message ? Lui qui, un jour, a su ouvrir la porte de notre cœur ?

Faire le deuil de son chien : un passage, pas une fin

Combien de temps cela prend, de faire le deuil de son chien ? Il y a autant de réponses à cette question que de gens qui ont perdu leur compagnon. Ce sur quoi tous ceux qui l’ont vécu s’accordent, c’est sur le fait que perdre un chien, ce n’est pas moins douloureux que perdre un membre de notre famille. C’est même exactement ça.

C’est la peur de devoir revivre cette douleur qui nous fait dire : « Je ne veux plus jamais revivre ça. » On le dit pour se protéger, aussi parce qu’on a l’impression que d’aimer à nouveau, ça reviendrait à le trahir. Comme si le fait même d’ouvrir son cœur à un autre chien effacerait les souvenirs, les habitudes, les rituels partagés avec celui qui n’est plus là. Et puis il y a cette phrase, dite parfois trop vite : « Tu vas en reprendre un autre ? » Comme si on parlait d’un objet, comme si l’amour pouvait se reposer sur une logique de remplacement, comme si c’était aussi simple.

Une grande partie du deuil : rester ouvert à la vie

Ce texte n’est pas un appel à « reprendre un chien ». Je ne veux brusquer personne, ni dire à qui que ce soit comment faire le deuil de son chien. Chacun le traverse à sa manière et à son rythme, et il est CRUCIAL d’y aller à son rythme, de respecter les différentes étapes du deuil, pour ne pas faire des choix guidés par la peine. Je souhaite seulement lancer une invitation à ne pas fermer la porte au vivant par principe, à un nouvel amour qui pourrait, peut-être plus tôt que prévu, se présenter à vous sous une autre forme.

Aimer un chien : un lien unique et transformateur

Aimer un chien, c’est vivre avec une conscience aiguë du lien. Vous l’avez sans doute senti, cet animal-là, ce chien-là, ce n’était pas un hasard. Il est tombé dans votre vie comme une étoile filante dans un ciel trop sombre et il l’a, trop brièvement, éclairée.

Le jour où il est parti, vous avez perdu bien plus qu’un compagnon, vous avez perdu une partie de vous-même. Celle qui savait exister avec lui. Celle qui savait rire devant un museau endormi, qui se sentait en sécurité simplement parce qu’il était là, qui était comblée parce qu’il était à vos côtés, emplissant tout votre monde de sa présence.

C’est pour ça que ça fait si mal. Parce que, maintenant, vous savez que l’amour vrai, l’amour pur, l’amour inconditionnel, il existe, et vous venez de lui dire adieu. Est-ce une raison pour ne plus vouloir le reconnaître quand il viendra à recroiser votre route, ou s’il la recroise trop tôt ?

Votre chien, vous l’avez aimé, puis vous l’avez perdu. Entre les deux, vous avez grandi.
C’est aussi cela, aimer un animal : accepter d’être transformé. Ce n’est pas une anecdote, pas un détail, c’est une alchimie. Oui, voilà, les chiens sont des alchimistes. Chaque chien de notre vie nous transforme et nous rapproche d’une meilleure version de nous-même.

Vous n’êtes plus la personne que vous étiez avant qu’il n’entre dans votre vie, et ce qu’il a semé et laissé en vous n’est pas destiné à rester figé ni prisonnier du passé. C’est vivant, vibrant, en attente de vivre, de vibrer, de grandir encore.

L’éternel recommencement

Dans un monde idéal où il ne sera pas abandonné, ou où son humain ne décédera pas avant lui, un chien n’aura qu’une vie et qu’une famille, qu’il aimera inconditionnellement.

De votre côté, vous en avez déjà eu et en aurez encore plusieurs. Plusieurs élans, plusieurs métamorphoses, plusieurs histoires. Peut-être avez-vous aimé un homme autrefois, une femme, un enfant, un pays. Peut-être avez-vous cru ne jamais retrouver ce frisson-là, ce bonheur-là, cette extase-là, et pourtant, un jour, tout est revenu. Autrement.
Pourquoi l’amour des chiens serait-il exclu de cette loi étrange et magnifique des éternels recommencements ?

Il ne s’agit pas de le « remplacer ». Ce mot est faux, injuste, et absurde. A-t-on jamais remplacé une enfance ? Un amour perdu ? Une époque de notre vie ? Nous avançons tous avec nos manques, nos échos et nos nostalgies, avec des promesses que nous croyons perdues, mais qui, un matin, reviennent frapper à notre porte. Sous d’autres traits. Avec d’autres yeux. Sur d’autres pattes.

Et si vous n’étiez pas arrivé au bout de ce que l’amour des chiens peut encore vous apprendre de vous-même ? Et si l’amour de ce chien-là, qui vient de vous quitter, n’était qu’un chapitre de votre histoire, une merveilleuse histoire qui continuera encore longtemps, bien au-delà de son départ ?

Adopter à nouveau : honorer le passé en accueillant l’avenir

Après une perte aussi douloureuse, il y a ceux qui ferment leur cœur. Ceux qui disent : « plus jamais », et je les comprends. Il en faut, du courage, pour se laisser à nouveau fissurer par la tendresse.
Mais il y a aussi ceux qui sentent, au fond, que la perte n’est pas une fin, que le lien ne se rompt pas, qu’il se transforme, qu’il change d’adresse. Il devient souvenir, il devient joie, il devient appel.

Peut-être qu’un jour, en marchant dans une ruelle, en croisant un regard dans une portée de chiots ou dans une annonce trouvée sans vraiment la chercher, ce lien-là resurgira, timidement, comme un frisson. Quand ce jour arrivera, dites oui. N’hésitez pas. Pas par manque, pas par oubli, pas pour combler un vide. Pour prolonger l’histoire d’amour que vous avez commencée, enrichir encore ce que vous êtes devenu grâce à celui qui n’est plus là.

Comment j’ai fait le deuil de mon chien

Quand j’ai perdu ma dernière chienne, à une des époques les plus compliquées de ma vie, je n’ai pas pu envisager une nouvelle adoption tout de suite. J’avais déjà du mal à m’imaginer la suite sans elle, elle qui avait été à mes côtés au cours de tant d’épreuves, alors l’idée même de revivre ce lien et la fin qui l’accompagnerait inévitablement me semblait impossible. C’était elle qui me manquait, pas le simple fait d’avoir un chien.

Ma vie et mon appartement s’étaient soudain emplis d’un tout nouveau néant. Le silence, l’absence, le vide. Mais justement, il y avait un vide. Une place, vide. Une place à prendre, mais par qui ?

Un matin, j’ai décidé, presque sur un coup de tête, comme un instinct, de m’engager sur une autre voie : devenir famille d’accueil.
Ce fut ma façon à moi de garder la porte entrouverte, sans brusquer mon deuil, mais en trouvant à nouveau où poser cet amour que j’avais toujours en moi et qui n’était pas mort avec elle.
Si seulement vous saviez tout ce que ce choix-là m’a apporté, le nombre de portes qu’il a ouvertes, dans ma vie et en moi.

J’ai rencontré des chiens très différents, parfois fragiles, souvent touchants. Ils ont élargi mon regard, mon écoute, ma patience. Ils m’ont rappelé chaque fois que le lien ne disparaît jamais, qu’il est un fil conducteur dans notre vie, qu’il change seulement de forme, et qu’on peut aimer à nouveau, parfois bien plus tôt qu’on ne le pensait.

Je n’ai pas accueilli ces chiens pour « oublier » la mienne. Je les ai accueillis avec ce qu’elle m’avait laissé : assez d’amour et de tendresse en mon cœur pour d’autres qui en avaient besoin, et cette certitude que les chiens savent nous remettre en chemin, même quand on pensait ne plus vouloir avancer.

Illustration by Doggolistic of a female dog trainer and canine behaviorist sitting next to the ghost of her dog who has just died, telling her she must be ready to adopt another dog and love again

Un pacte d’amour avec l’éphémère

Aimer un chien, c’est signer un pacte avec l’éphémère. On sait dès le départ que le temps nous est compté, mais on y va tout de même, parce qu’on sait que chaque seconde vécue ensemble sera un petit miracle.

Alors oui, la perte est rude, et chaque fois, nous ne sommes pas prêts. Mais ce n’est jamais une fin. C’est une pause. Une respiration. Un seuil. Faire le deuil de son chien ne signifie pas passer à autre chose, c’est arriver à ouvrir son cœur à nouveau, différemment, avec douceur, conscience et gratitude, en honorant pleinement celui qui nous a déjà tant apporté.

Les deux questions à vous poser avant d’accueillir un nouveau chien dans votre vie

Quelle que soit votre envie ou votre situation, si vous vous apprêtez à reprendre un chien alors que votre précédent compagnon est parti il n’y a pas si longtemps, il est important de prendre un moment pour vous poser deux questions simples, mais cruciales, et de tenter d’y répondre en étant le plus sincère possible avec vous-même.

La première : serez-vous capable d’accueillir ce nouvel être pour ce qu’il est, sans le comparer à celui qui vous a quittés ? Ce nouveau chien, que vous ne connaissez pas encore, a son propre caractère, sa propre façon d’aimer, ses propres qualités, ses défauts. Ce sera une nouvelle histoire, et comme dans toutes les nouvelles histoires (canines ou humaines), le plus grand risque, c’est de comparer au passé. Cela peut empêcher le lien de se créer, pour lui comme pour vous, et peut faire du mal à cette petite âme qui débarque dans votre vie pleine d’espoir et d’enthousiasme.

La seconde : serez-vous prêt à lui pardonner ses erreurs, comme vous l’avez fait avec l’autre au début ? Vous ne vous en souvenez peut-être plus, mais votre précédent compagnon a aussi fait des bêtises. Il a appris, il a fait des erreurs, vous l’avez guidé, vous avez appris ensemble. C’est ce qui a construit votre lien, et ce nouveau chien aura lui aussi besoin de ce temps, de cette patience, de cette confiance, de cette empathie.

Accueillir un nouveau chien ne sera jamais remplacer l’ancien, mais ouvrir votre cœur à un nouvel amour.

Vers un nouveau soleil

Vous qui avez si mal aujourd’hui, vous avez mal parce qu’il vous a rendu profondément heureux, profondément meilleur. La peine n’est jamais que l’ombre portée de tout ce bonheur que vous avez partagé. Mais cette ombre, aussi immense soit-elle, n’est pas une raison pour fuir un nouveau soleil, c’est même la meilleure raison de marcher vers lui, pour vous retrouver, à nouveau, inondé de lumière en plein zénith.

Vous le savez, je le sais, nous le savons tous : rien n’est plus important que d’aimer et que d’être aimé. Alors, quand c’est d’amour pur, inconditionnel, comme l’est amour d’un chien, si vous vous sentez prêt, foncez, ne passez pas à côté. 🐾🖤

Éducatrice comportementaliste canine, je travaille sur ce lien subtil entre le chien et l’humain, avec ce qu’il a de beau, de bancal, de vivant. J’aide les humains à mieux comprendre leur chien — et parfois aussi un peu l’inverse.

Une humaine, des chiens, et un nouveau chapitre

Une humaine, des chiens, et un nouveau chapitre

Comment je suis devenue éducatrice comportementalisteTour à tour graphiste, parolière, illustratrice, et autrefois aspirante vétérinaire recalée par une sévère allergie aux mathématiques, aujourd’hui, je parle chien en français et en anglais, et entre deux aboiements,...

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